Description
L’enfance de Camille et de Paul Claudel s’enracine dans le pays du Tardenois (en Picardie) où tous deux sont nés, l’une dans le bourg de Fère-en-Tardenois et l’autre dans le village de Villeneuve-sur-Fère. Leur accent, un peu rocailleux le révèle. Tout comme La Fontaine, Racine, Alexandre Dumas, ils viennent de cette ancienne province d’Île-de-France. Ils en parlent la langue pure, émaillée de mots de patois.
Pas d’enfance sans ancêtres. Remontant le temps, l’ouvrage s’attache aux gens de Villeneuve auxquels la mère de Paul et Camille, Louise-Athénaïse Claudel (née Cerveaux), est affiliée par ses parents maternels les Thierry. A l’ancien presbytère hérité des Thierry, des paysans embourgeoisés, les Claudel préfèrent la maison face à l’église construite par l’oncle paternel, curé du lieu. Tout jeunes encore, Paul et Camille écoutent avec avidité les histoires de famille transmises par leur servante Victoire Brunet, une vieille fille du pays.
Dans sa splendide austérité, sa rudesse, son âpreté, le Tardenois est une extraordinaire source d’inspiration pour le frère et la sœur rappelle Jacques Parsi dans sa préface. Leur imagination anime les paysages chargés de légende. Les rochers monstrueux de la Hottée du diable préfigurent les sculptures de l’artiste statuaire. La grotte du Géyn, la Fontaine de la Sibylle, la ferme de Combernon, bâtissent les décors du premier théâtre du dramaturge. Lui-même se projette en Cébès et en Simon Agnel, deux paysans d’ici (Tête d’Or) et en Turelure le plébéien promu notable à l’exemple des Thierry (l’Otage). En Mara et en Violaine se devinent les conflits qui opposent Camille et Louise (l’Annonce faite à Marie).